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 watching me, hearing you. (pv Shin)

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Shin Hyo Rin
hey ! i'm Shin Hyo Rin

Messages : 79
Secta ? : non.
Filière &année : 3ème année en musique, section violon
Situation amoureuse : un soupir avec point d'orgue, si le solfège l'autorisait
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MessageSujet: watching me, hearing you. (pv Shin)   watching me, hearing you. (pv Shin) EmptyJeu 9 Fév - 21:56

watching me, hearing you. (pv Shin) Sooy watching me, hearing you. (pv Shin) 921747k2bshvr0
WATCHING ME
HEARING YOU
RIN & SHIN

« Le ciel est d’un bleu, ce matin !... » « Mate comme elle est belle, la fille qui traverse la cour, là ! » « Montre voir ? » « Oh, regarde ! Y’a ton nom écrit sur la liste ! »

Les mots s’étaient égrenés, un à un, ce matin, le long de mon passage. Ils ne m’étaient pas adressés, cela allait de soi – mais là était justement le problème. Elles ne le réalisaient sans doute pas, ces voix qui m’entouraient quotidiennement, mais j’aurais pu tout donner pour qu’elles me disent de jeter un regard sur ces choses qu’elles appelaient nuages, beauté, ou lettres. Et j’aurais ouvert mes yeux et aurais enfin découvert, enfin compris ce qu’elles avaient voulu dire pendant tout ce temps. Cela me tuait, elles me tuaient, à petit feu, me le rappelant systématiquement et involontairement tout ce qui ne me serait jamais accessible et intelligible… C’était étouffant. Voilà, le mot était là. C’était des dizaines et des dizaines de bouffées de gaz asphyxiant lancées en plein visage par maladresse – ou par cruauté, peut-être. C’était tous les jours ainsi, mais certaines journées étaient plus difficiles que les autres à vivre. Aujourd’hui faisait sans doute partie de cette dernière catégorie. Tandis que je resserrais l’emprise de mon poing sur la poignée de mon étui à violon, je pris soin de ne laisser aucune émotion transparaitre sur mon visage. Il ne fallait pas céder. Il ne fallait pas se briser, surtout pas ici et maintenant. Faire le vide sur mon faciès, et filer le plus vite possible jusqu’à un endroit où je pourrais être au calme… Dans la mesure où je pouvais filer.

Ting-ting. Ting-ting. Les coups de ma canne blanche frappant le sol à intervalles réguliers résonnaient dans les couloirs au beau milieu des brouhahas de murmures. J’entendis les pas d’une paire de talons – une jeune femme, plutôt fine et élancée, à l’oreille – longer le mur pour ne pas me gêner. Un sourire poli aux lèvres, je fis un vague signe de la tête pour la remercier tout en continuant mon chemin. Ting-ting. Ting. La pointe de ma canne heurta un obstacle et je fis halte, aussitôt plus alerte. La voix d’un garçon post-pubère s’éleva, un bon mètre devant moi. « Yah ! Tu peux pas regarder où tu vas ? » Mon cœur cessa de battre une courte demi-seconde et mes entrailles se tordirent instantanément. Qui était-il ? En quelle année était-il ? Sa voix semblait jeune – je ne lui aurais pas donné plus de vingt ans. Un agressif, à sa façon de s’exprimer. Il devait aussi être un brin superficiel, sans doute, à entendre la pointe de vacuité qui transperçait son timbre. « Si t’es aveugle, achète-toi un clebs. Au moins, les chiens, c’est intelligent et ça sait éviter les gens. »

Des rires et des chuchotements d’indignation firent bourdonner l’espace autour de moi. Je demeurai un instant interdite, essayant de chercher l’humour qu’il y aurait pu y avoir dans la remarque, la raillerie affectueuse, la bonté. Rien. C’avait été des mots de crécelles, aussi secs et crissants que la craie avec laquelle mon professeur de solfège écrivait sur le tableau des notes et des portées qui m’échappaient. Au souvenir de ce son, je fronçai les sourcils, tandis qu’un poids persistait à oppresser avec de plus en plus de vigueur mon diaphragme. Étouffant… Je parvins à murmurer un inaudible « Désolée » avant d’entendre les pas du garçon s’éloigner de moi. C’était haïssable, cette sensation d’être à la merci de chacun, de n’avoir aucune arme pour survivre contre les prédateurs qui pouvaient rôder autour de moi, chaque jour. Un chien – j’aurais pu en avoir un, certes. Mais l’université était très stricte avec la présence d’animaux de compagnie dans les dortoirs, et encore davantage dans les salles de cours. Et, dans tous les cas, Ae Rin n’était pas folle des bêtes à poils – elle n’aurait sans doute pas supporté de voir un labrador bavant un peu partout envahir son espace personnel. Non, décidément, un chien restait hors de question. Même si, il fallait bien le dire, cela aurait été un brin rassurant.

Je repris ma route en direction de la salle de musique, maintenant ma façade stoïque. A l’intérieur de mon crâne, je sentais les doutes se condenser à nouveau et perler un à un le long de sa paroi, inexorablement ; chaque goutte qui tombait venait se planter avec la précision d’une aiguille dans mon diaphragme, le criblant de dizaines et de dizaines de reproches… Peureuse. Imbécile. Inutile. Dangereuse. Handicapée. Faiblarde. Lâche. Dégénérée. Je comptai chacun de mes pas avant d’arriver au bout du couloir, à l’entrée de la salle recherchée. Pas un son n’en sortait. Avec soulagement, j’abaissai la poignée pour y rentrer, contourner le grand piano et poser mon étui sur le tabouret qui se trouvait systématiquement au fond, dans le coin. Je posai ma canne à même le sol en linoléum et ouvrit d’un coup de doigts expert la boîte qui renfermait mon trésor. Du dos de la main, je caressai sa surface lisse. Il vibrait avec chaleur, m’invitant à le saisir, à le porter tout contre moi, à le faire geindre de plaisir de mon archet – et je tremblais d’envie de le jouer. C’était encore plus fort que le désir charnel, plus fort que le besoin de crier, de hurler la douleur accumulée… C’était la soif insatiable de celui qui venait de traverser un désert entier sans boire une once d’eau, et qui se retrouvait soudainement face à une oasis abondante. Je portai donc le violon à mon cou, soulevai l’archet et, après un temps de suspens, le fit glisser le long des cordes. Je partais de ce monde.

La mélodie de Beethoven s’éleva avec vivacité et puissance, comme exorcisant les pensées néfastes qui gravitaient autour de moi. Aucun son autre que les myriades de noires et de croches que je tirai de la force de mon archet n’était audible, pas même celui de ma propre respiration. Pourtant, le souvenir de la voix de crécelle du couloir me revint. Une fausse note. Puis, réminiscence des milliers de phrases entendues depuis ce matin évoquant une extase, un plaisir, une joie, un amusement ressentis face à des choses qui m’étaient incompréhensibles. Je manquai un triolet et je m’arrêtai abruptement, dégageant l’instrument de sous mon menton. Je secouai la tête rapidement. Des larmes de dépit commençaient à me monter aux yeux. Je me forçai à les retenir un instant, avant de réaliser que j’étais seule dans cette salle, et que de maintenir un calme apparent n’avait pas lieu d’être.
Je soupirai et frottai du dos de ma main droite mon front, puis me dirigeai vers le coin de la salle où j’avais déposé mes affaires. Je remis le violon dans son étui ouvert, déposai délicatement mon archet par-dessus, et m’assis sur le tabouret, le dos contre le mur. Mon pull commençait à me tenir trop chaud – l’élève précédent avait dû changer le réglage des radiateurs et, sensible aux variations de température comme je l’étais, cela suffisait à me donner de légers vertiges. Je l’ôtai donc, le posai sur le sol à côté de ma canne et calai ma tête à nouveau contre le mur froid. Faiblarde. Apathique. Impotente. La chaleur n’arrangeait pas le tourbillon de pensées qui revenait à la charge et, de frustration, sans doute, je laissai une larme chuter de mes yeux inutiles. Le grand piano se mit en marche. Enfin, non, cela était faux – quelqu’un avait mis en marche le grand piano. Je sursautai et me redressai aussitôt. Je n’avais entendu personne rentrer ; depuis quand est-ce que je n’avais plus été seule dans cette salle ? Furtivement, j’essuyai la larme et me concentrai sur la musique jouée, un soupçon d’espoir aux tympans. Est-ce que… ?

La façon qu’avait le ou la pianiste de phraser ses notes, de piquer avec emphase les temps forts et de ralentir à l’approche des diminuendos ne laissait pas de doute ; c’était effectivement ce ‘fantôme’ qui s’était joint à moi de temps à autre, le temps de sessions à deux improvisées, depuis quelques mois. Je souris imperceptiblement. Jamais nous ne nous étions parlés – et c’était bien mieux ainsi. Notre musique suffisait amplement à communiquer. Il répéta avec insistance le thème qu’il venait de jouer. A y faire plus attention, je reconnus le début du deuxième mouvement d’une sonate de Mozart. Une invitation à un duo ? Je me mordis la lèvre et sentis une légère vague de chaleur lécher mes entrailles, anesthésiant un brin la douleur. Il répéta à nouveau le thème, piquant comme par jeu les dernières notes. Je saisis à nouveau mon violon, mon archet, puis me levai pour venir me positionner près de la queue du piano. Il reprit la sonate depuis le début ; je me joignis à lui.


C’était doux, et pénétrant. Je tirai avec délicatesse et fermeté des notes qui venait s’accorder à la perfection avec les mélodies qu’il dégageait. Je sentais les basses qu’il modelait soutenir mes élans crescendo. Chaque fois que l’archet arrachait une plainte pointée et déchirante à mon instrument, ma tête partait en arrière, comme prise d’un fou-rire invisible et inaudible. C’était d’ailleurs étrange de jouer un morceau si simple et tendre avec lui ; nous avions davantage l’habitude de nous lancer dans des duos tempétueux, tourmentés, presque insolents de prises de risques et d’élans lyriques bruts. Mais là, c’était différent. Ce n’était pas tant le choix du morceau qui changeait tout, que le rendu de son piano. Il était tellement sincère et chaleureux. Il maintenait cette volupté qui le caractérisait tout en la coiffant d’un voile pudique qu’il n’avait jamais eu avant. Peut-être était-ce parce qu’il ne jouait pas pour lui, ni même pour nous, mais pour… moi ? Cette pensée était surprenante. Jusqu’à présent, il avait était plutôt du genre à simplement épancher sa propre folie musicale, sur son clavier, en ma compagnie – cela, n’importe quelle oreille l’aurait ressenti.

Au terme d’un ultime dialogue fusionnel en crescendo entre nos instruments, je fis glisser mon archet en un point d’orgue qui se perdit dans les échos de la salle. J’inspirai profondément, tout poids à présent parti. Ce n’était pas la chaleur insoutenable de la salle qui m’avait réconfortée, mais bien celle de la musique qu’à deux nous avions faite naître. Nous nagions à présent dans un silence complice, quoiqu’un brin tendu, et j’hésitais à simplement ranger mes affaires, lever le camp, et retourner dans ma chambre. Sauf qu’à dire la vérité, je n’avais pas véritablement envie de ressortir dans le couloir et de me confronter à la foule des élèves qui s’y trouvait encore. Mon violon toujours glissé dans le cou, je m’amusai à jouer quelques notes hasardeuses, avant d’enfin oser articuler quelques mots. « Je ne t’ai pas entendu entrer, tout à l’heure, tu m’as fait peur ».
Je souris vaguement dans le vide, me demandant à quel moment il s’était installé au grand piano. Dans tous les cas, il avait dû me voir comme j’aurais préféré qu’il ne me voie pas – mais, d’un autre côté, mieux avait valu qu’il s’agisse de lui que de quelqu’un d’autre. Après tout, peu de personnes auraient pu réagir comme lui l’avait fait. La mine légèrement gênée, j’ajoutai un « Merci » presque inaudible. Je me penchai vers le piano pour m’y accouder – mais, un vertige dû à la chaleur aidant, j’avais mal calculé la distance qui me séparait de lui, et mon poids bascula soudainement tandis que mes mains cherchaient avec précipitation une prise quelconque sans rencontrer autre chose que du vide. Dans ma chute, je heurtai mon coude contre la queue de l’instrument et ne put retenir un bref cri de douleur en m’affaissant sur le sol. Imbécile. Inutile. Dangereuse. La même rengaine d’adjectif revint me heurter de plein fouet pendant que je me retrouvai affalée par terre, un mal lancinant parcourant mon bras droit.
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Ahn Hyo Shin
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Situation amoureuse : Pianophile, c'est possible?
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MessageSujet: Re: watching me, hearing you. (pv Shin)   watching me, hearing you. (pv Shin) EmptySam 11 Fév - 22:39

Il devait être quelque chose comme midi, une heure, ou j’sais pas trop. J’ai perdu la notion du temps à ma quatrième, cinquième ou peut être bien sixième cigarette. Tout ce que je sais, c’est qu’à ce rythme, j’allais crever précoce d’un cancer des poumons. Plutôt tragique, si vous fessiez parti de ceux qui croyait encore la race humaine. Personnellement, je vivais très bien avec. Faut le croire pour le voir, ils disent. Du moment que ça n’affectait pas mon piano ou mes performances au lit, je m’en souciais quasiment autant que ma dernière baise. Soit pas beaucoup. Je sais, j’ai toujours été très philosophique comme mec : ça fait partie de mes charmes, avec le sarcasme et l’ironie. J’ai les mains qui tremblent, il fait froid. J’ai laissé mon veston dans ma chambre de la résidence et je commence franchement à le regretter. Secoué de frissons, mes doigts fouilleent la poche arrière de mon jeans délavé à la recherche de mon briquet. Je ne sais pas pour vous, mais ses enfoirés semblaient prendre un malin plaisir à fuguer dès que t’avais besoin d’eux. C’est après cinq bonnes minutes et quelques, jurons que je l’aperçus gentiment déposé sur le rebord de la fenêtre ou j’étais accoté. Un regard meurtrier plus tard, je l’attraper rageusement avant qu’il se décide à faire le grand plongeon de la mort en bas du deuxième étage. Ne faites pas cette tête, je sais bien que fumer à l’intérieur ne fais pas partie des règlements : C'est pour ça que j’ai ouvert une vitre. Voyez-vous, je n’ai jamais eu l’intention de me geler le cul dehors pour quelque clopes, je le fessais déjà très bien à l’intérieure. Ouais, vous pouvez ajouter le respect à la longue liste de mes charmes innés. D’une main habituée, j’allume ma je-ne-sais-plus-combien-tième cigarette et jette un regard de défi au ciel monotone de février. Je dois avoir des tendances suicidaires, parce qu’une petite partie de moi souhaite qu’elle m’achève pour de bon. Je ne suis pas croyant, mais j’aimerais bien que Dieu m’épargne les quatre prochaines heures du cours d’histoire de l’art, si vous voyez ce que je veux dire. Je pousse un soupir de satisfaction, lorsque l’odeur de nicotine vient me chatouiller le creux de la gorge. Je ne suis pas dépendant, mais je ne vois pas comment je pourrais me débarrasser de ce peu de satisfaction dans ma vie. En dehors de ma personne, va s’en dire. Je sais bien que je sonne prétentieux, mais à moins d’être fumeur ou d’avoir partagé mon lit, vous ne pourriez pas comprendre. La tête accoter contre le pourtour de la fenêtre, je divaguais lentement vers le pays du « au diable les cours, moi je dors ». Je sais, je suis drôle comme ce n’est pas possible. Hahaha. Vous voyez? J’étais carrément plié en deux de rire. Malheureusement pour moi, la vie était une chienne et la réalité, un bien mauvais public. Ma carrière d’humoriste fut, à mon plus grand désespoir, de bien courte durée.

« Yo, Hyo Shin! Qu'est-ce que tu fou, mec? »

Je crois que pendant deux secondes, j’ai bien failli bouffer ma clope. Plus d’agacement que de surprise, croyez-moi. J’ouvre les yeux et fusille du regard un des mecs de mon programme. Je reconnais un des musiciens avec qui je me tiens, à l’occasion. Comme quand j’avais besoin de bouche-trou pour les travaux d’équipe ou du temps à flamber entre les classes. Je ne suis pas antisociale, mais je me plais bien dans la solitude. D’ordre général, si t’avais pas de poitrine, j’évitais d’encourager les intimités. Sauf que je ne suis pas hypocrite pour autant et bien entendu, tous mes gentils « copains » étaient au courant. Note relation se basait uniquement sur choses superficielles, et ça nous convenait tous très bien. Enfin, je crois. Faut dire que, vite comme ça, il ne devait pas s’attendre à ce genre de réaction. Normalement, je mets comme un minimum d’effort à avoir l’air sympathique. Je dis bien, normalement. Les sourcils froncés, il me dévisage du cadre de porte comme si je venais de lui apprendre qu’il resterait puceau pour la vie. Ce qui ne devait pas être loin de la réalité. « 'Fais pas cette tête, j’voulais juste sympa… » Ouais et moi je voulais la paix, sauf que c’est surement trop te demander. « Y’a la meuf aveugle qui s’est cognée contre Park dehors… » Mon cerveau fait pause. Quoi? J’ai bien entendu? Je me relève et l’encourage silencieusement à continuer. « Ça sent l’orage, là-bas… J’croyais que ça allait peut-être t’intéresser… » Son air moqueur et désabusé me donne envie de le cogner. Je me retiens tant bien que mal. « Va au diable, Ki Bum. » Il a l’air outrageusement blessé, mais je m’en moque. Je me suis déjà jetée vers la sortie, sans me donner la peine de jeter la cigarette qui me pend entre les lèvres. J’émerge dans le corridor, comme un tsunami sur le Japon et manque de me cogner contre elle à mon tour. Hyo Rin, sur le bord des larmes, qui me dépasse comme une flèche. Sauf qu’elle ne m’a pas vue, elle ne peut pas m’avoir vue. Je reste là un moment, immobile, à la suivre des yeux. Derrière moi, un rire parvient jusqu’à mes oreilles. Lentement, je tourne la tête et au moment où je pose mes yeux sur le dénommé « Park », quelque chose se brise en moi.

Franchement, je ne sais pas trop comment j’ai fais ça. Tout ce que je me rappelle, c’est la colère brutale et soudaine, le bruit d’un dos fracassé contre le métal d’un casier et les cris de surprise. Mon poignet, refermé sur son collet, Park est prisonnier entre moi et les casiers. Moins surpris que nos spectateurs, il me lance un regard hautain et mécontent. « Hey, ça ne va pas, Ahn?! Relâche-moi tout de suite ou.. » Sauf que je ne lui laisse pas le temps de finir. « Ou quoi, hein? Tu vas m’envoyer m’acheter un cleb’?! » Mon ton de voix chevrote sous la colère et il se tait. Heureusement pour lui, je ne suis pas vraiment d’humeur à jouer au parcheesi. Je durcis ma poigne contre lui et enfonce mon coude contre sa cage thoracique. « Ca t’fais quoi de t’en prendre aux handicapés Park? Ça t’aide à compenser pour ce que t’as pas dans le pantalon? » Ma réplique lui arrache un claquement de langue agacé, il tourne les yeux au ciel. « Ferme là, je ne vois pas en quoi ça te regard.. » « Si ça me regarde justement, alors ferme là et écoute-moi... » Ho, il n’a pas l’air content le grand boulet, sauf que je m’en branle bien. En fait, je ne vois pas vraiment ce qui me retient de le frapper, là, tout de suite. « Si tu veux vivre assez longtemps pour te reproduire, à l’avenir, évite de toucher aux trucs qui m’appartiennent, pigé? » Je sais, pas trop d’où j'ai sorti ça, mais je suis trop énervée pour y penser. Sous mon bras, je peux sentir la cage thoracique de Park soulevé par des spasmes de rire, ce qui a pour unique effet de m’arranger un peu plus. Narquois, un sourire éclaire le coin de sa lèvre et il me lance : « T’es trucs? Tu te prends pour quoi? Le pimp d’un bordel? » Pour toute réponse, j’éteins ma cigarette à quelque centimètre de sa jolie tête, hors de moi. Le mec a eu peur, ça se voit à sa façon de me regarder comme si j’étais un débile tout droit sortie de l’asile. Au moins, ça a eu le bénéfice de lui fermer sa grande trappe, c’était déjà ça. Je le relâche et recule de deux pas. J’essuie mes mains contre mon pantalon, comme si j’avais touché une meuf qui avait l’herpes et lui jette un regard qui en dit long. Long sur mon envie de lui mettre mon point au visage, sauf que je gère l’envie comme un professionnel. Dis le mec qui a passé à ça de lui écraser sa clope dans l’œil. Ouais, bon, on ne vous a pas sonné! Je lui lance un truc genre « Dégage, connard… » et tourne les talons avant de commettre un acte regrettable. Comme me briser un doigt sur son joli nez : les mains d’un pianiste, c’est sa vie. Je me demande bien si avec un peu d’élan, mon pied ne pourrait pas s’en occuper. Sauf que je suis déjà loin et que ce n’est pas vraiment le moment d’argumenter sur les lois de la gravité.

Mes pieds me portent tout seuls jusqu’à la salle de musique et je suis accueilli par le son mélodieux d’un violon. C’est là que je la trouve, seule, assis à même le sol et surtout, saine et sauve. Un vent de soulagement m’envahit et balaye un instant ma colère. Je m’accote contre le cadre de porte et l’observe silencieusement, comme j’ai pris l’habitude de faire depuis notre première rencontre. Je sais bien que ça me donne l’air voyeur et peut être un peu pervers, mais je ne peux pas vraiment m’en empêcher. C’est le genre de truc que les mots ne peuvent pas expliquer, une attirance platonique, indéfinissable et proche de l’obsession. Elle me fascine et ça me trouble au plus haut point, parce que je n’arrive même pas à me dire pourquoi. Elle est un mystère, mon mystère, que je garde jalousement. Va savoir pourquoi je me suis entiché d’elle et encore moins comment. Tout ce que je sais, c’est qu’elle réussit inexplicablement à faire tomber mes barrières, les unes après les autres. C’est franchement flippant, sauf que je ne peux pas m’en passer. Elle me donne l’impression d’être un grand brulé, accro à ses narcotiques et au fond, je crois que ça me plait bien. Perdu dans mes rêveries, une fausse notre me fait brusquement sursauter. La douce mélodie cesse aussi abruptement et le silence emplit la pièce. J’hésite à faire savoir ma présence, lorsqu’elle se lève soudainement, l’ombre d’un chagrin au creux des yeux. Je fronce les yeux, mal à l'aise, tandis qu’une foule de questions se bouscule dans mon esprit. Qu’est ce que j’allais manger pour le souper? Est-ce que Paris Hilton allait enfin trouver une meilleure amie? Pourquoi la terre tournait-elle autour du sol… Bon, ça va, j’déconne. Voir des meufs pleurer, ça me rend nerveux. Qu’est ce que je pouvais y faire, moi? Un Casanova s’habitue à briser des cœurs, pas à les recoller. Sauf que je n’étais pas connard au point de faire comme si je n’avais rien vu, quoique... Je rigole, ne faites pas cette tête. Je lance un regard angoissé sur la pièce et tombe finalement sur le piano blanc au fond prêt du mur. Je crois que je me suis même entendu pousser un soupir de soulagement. Sans un bruit, je me traine jusqu’à lui et me laisse tomber sur le banc de cuir. Je ne sais pas trop ce que je veux faire, en fait, je crois qu’à ce point je ne me comprends plus du tout. Et merde, tant pis. Mes doigts se place d’eux même sur les touches et j’entame le premier truc qui me vient à la tête…

Du Mozart? Franchement, je ne me serais jamais cru aussi sentimental. Sérieusement, les trucs qu’elle me ferrait faire cette nana, ça commence à me faire peur. J'oublie quand même tout, le temps de voir un sourire éclaircir ses jolies lèvres. Sourire que je me sens obliger de retourner, ce qui est complètement débile, puisqu’elle ne peut pas me voir. Crétin d’Hyo Shin. Je ne veux pas me l'avouer, sauf qu’au fond, l’idée de lui arracher se genre de réaction me fait littéralement planer. Ce simple fait me tire une grimace qui, heureusement, passera aussi inaperçue. Je me suis assez ridiculisée pour aujourd’hui, merci. Je détourne les yeux pour me consacrer à mon instrument et au bout de quelques minutes, le son harmonieux du violon se joint à moi. L’ombre d’un deuxième sourire traverse mes lèvres, tandis que mes notes épousent parfaitement celles de l’instrument à vent. C’est magique, comme à chaque fois. À un point tel que j’en oublie quasiment de respirer, de peur de briser cet élan fusionnel. À contrecœur, j’entame les dernières notes de notre duo parfait et laisse reposer mes doigts sur le clavier tout en essayant de reprendre mon souffle. Aucun mot n’avait été échangé. Cela aurait-été inutile et superflus et nous, nous complaisons bien dans notre silence mutuel. Toujours sans un bruit, je referme le couvercle du clavier et hésite à partir. Aussi tendue que moi, Hyo Rin jouait avec les fils de son violon, songeuse. Je m’attarde sur les lignes harmonieuses de son visage et poussé d'une envie soudaine, tends la main vers elle. « Je ne t’ai pas entendu entrer, tout à l’heure, tu m’as fait peur » Plus surpris que vous ne pouvez l’imaginez, j’arrête brusquement mon geste. Mais qu’est ce que j’étais en train de foutre et plus important encore : Est-ce qu’elle venait tout juste de me parler? Je reste béa tandis qu’un sourire timide éclairci ses lèvres. « Merci » Et juste comme ça, elle se penche vers le piano, sans la moindre idée de la gifle qu’elle venait de m’envoyer. Puis, pourquoi je réagissais comme ça d’abord? Ce n’est pas comme si elle était aveugle et muette, forcément, ça devait arriver un jour. Ouais, mais si elle s’attendait à une réponse? Bah, tu lui donnerais une et voilà? Mais si jamais elle n’aimait pas ce qu’elle entendait… Non, mais t’es vraiment en train de te demander c.. Et bam, c’est pile-poil le moment qu’Hyo Rin choisi pour chuter.

« Attenti… Et Merde! »

La chute avait semblée douloureuse et même après une tentative inutile de la retenir, elle s’était étendue au sol dans un amas de souffrance. Je me jetai à sa suite et m'accroupit à ses cotés en marmonnant un truc inutile, style : « … Ça va bien? » Parce que, bien entendu, ça ne pouvait pas bien aller après une chute pareille. Sans vraiment réfléchir, je relevai son coude droit à la recherche d’une éventuelle blessure. Grand mal m’en fasse, à la vue du sang, un malaise me prit et j’abaissai brutalement son bras. C’était pas très délicat de ma part, mais j’avais horreur du sang et je ne tenais pas vraiment à ce que ça s’ébruite.

« Ça va, c’est juste une écorchure… » Ma voix était hésitante, mais se voulait rassurante. « Joli vol plané que tu m’as fait là, pour l’effort, je te donne un dix sur dix. » Je me mis à rire, dans une tentative nerveuse de détendre l’atmosphère. « Tu te sens capable de te relever? » Lui demandais-je, avec une soudaine attention qui ne me ressemblait décidément pas. « Attends, je vais t’aider… » Je passa un de mes bras sous son épaule et l’agrippa par la taille. Étrangement, la pièce semblait avoir monté de quelque degré et ça n'avait rien à voir avec notre soudaine proximité. Hyo Rien était littéralement brulante. « Putain, ce que t’es chaude! » Ouais je sais, le choix de mot est exemplaire. Maintenant j’allais passer pour un crétin doublé d’un pervers, plutôt pas mal comme première impression, hein? Fuck. « Heu, je veux dire… » Pas grand-chose, hein? Un soupir franchit mes lèvres. « Écoute, tu veux aller à l’infirmerie? Je te porte si tu veux et après je te fou la paix, promis. » J'hésita un moment, retira une mèche de cheveux qui pendait devant ses yeux et termina, moqueur :

« Par contre, j’te promets pas de tenir mes promesses… D’accord? »

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Shin Hyo Rin
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MessageSujet: Re: watching me, hearing you. (pv Shin)   watching me, hearing you. (pv Shin) EmptyMer 15 Fév - 14:54

« Attenti… Et Merde! » J’étais tombée là, le coude détruit, et je ne pouvais rien faire – ne pouvais bouger une phalange, ne pouvais piper un mot. Je sentais les engrenages à l’intérieur de mon crâne se mettre en marche sans que je ne leur demande à accélérer la cadence. Un garçon. C’était un garçon. Voix un brin rauque et instable, avec cette certaine attitude dans le ton que j’avais imaginé mon fantôme avoir. Mais un garçon, surtout. Mon sixième sens avait fait des merveilles – à moins que ce n’eût été mon ouïe. Je l’avais déjà senti les premières fois où nous avions joué ensemble. Au fond, c’était sans doute la façon à la fois violente et tendre qu’il avait de frapper les touches de son piano qui m’avait mise l’image d’un homme en tête. Ou peut-être avait-ce été la sensualité virile inhérente à sa musique. Au fond, peu importait. Mais un garçon... Et jeune, à l’entendre.
« … Ça va bien? » Je gémis un vague « Mhm » puis sentis un corps s’approcher de moi et une main se saisir de mon bras pour le soupeser. Des frissons me parcoururent à ce contact. Ses doigts étaient froids. Je manquai un instant de retirer subitement ma peau de son toucher et de reculer ; il y avait quelque chose de dérangeant et de profondément triste dans le simple fait qu’il me tienne ainsi. S’il fallait employer un mot… C’aurait été « fin ». C’était la fin d’une idée – la fin des fantasmagories que j’avais pues entretenir sur ce mystérieux pianiste, sur ce fantôme dont je n’avais même pas connu la voix, la fin d’un réconfort dont l’immatérialité enlevait tant de pressions… A bien y penser, je ne savais pas si je voulais réellement voir ce spectre chéri prendre consistance, prendre vie, et prendre une identité. J’aurais presque préféré me cantonner à la chaleur de sa musique plutôt que de découvrir la froideur de son corps. Mes engrenages intérieurs s’étaient décidemment mis à tourner à plein régime, et manquèrent de s’enrayer lorsque ses doigts effleurèrent mon coude.

Sa voix, beaucoup plus proche de mon oreille à présent, résonna à nouveau ; il cherchait visiblement ses mots, tout aussi gêné que moi, et finit par articuler avec douceur : « Ça va, c’est juste une écorchure… ». Je hochai lentement de la tête en guise de toute réponse. Même maintenant, je parvenais à lui faire entièrement confiance, que ce soit pour un diagnostic ou pour autre chose – et cela n’était pas anodin. A vrai dire, dans un monde sans image, il n’existait que trois moyens de comprendre l’individu que l’on pouvait bien avoir en face de nous. Tout d’abord, les voix des autres, les rumeurs, mesquines ou naïves – l’avantage étant qu’elles se trouvaient partout, l’inconvénient qu’elles fussent rarement exactes. Puis venait la voix de la personne concernée ; mais, si elle était évidemment plus fiable, elle demeurait tout de même incomplète. Après tout, les bons acteurs étaient tout à fait capables de rendre des émotions artificielles candides aux oreilles les plus aguerries.
Il restait alors un ultime moyen : la musique de cette personne. Elle, elle ne pouvait être autre chose que sincère : toute tentative de falsification s’entendait immédiatement, sans distinction de talent ou de d’expérience. Les instruments ne supportaient pas l’hypocrisie – cela les faisaient grincer. J’avais entendu ce garçon jouer. Je l’avais perçu, lui, sa musique, son essence. Et, de là, j’étais prête à lui témoigner une confiance quasi-aveugle – sans mauvais jeu de mots. Si son toucher me mettait mal à l’aise, ce n’était pas tant par répulsion que par peur de perdre l’essentiel, impalpable.

« Joli vol plané que tu m’as fait là, pour l’effort, je te donne un dix sur dix. » Je l’entendis rire dans une tentative quelque peu ratée de détendre l’atmosphère. Il avait ce petit rire gamin qui jurait parfaitement avec la gravité enfumée de sa voix. Je souris légèrement en réponse et, en tentant de me redresser, tâtonnai d’une main autour de moi. « Tu te sens capable de te relever? » « Je devrais pouvoir… » Ma paume continuait de tester le sol à ma droite sans trouver le pied du piano. Je sentais son corps tout près du mien, mais il était hors de question de m’appuyer sur lui pour me relever. Je préférais éviter de le toucher, dans la mesure du possible, et surtout ne pas faire ma demoiselle en détresse. C’était une chose d’être faible et incapable, c’en était une autre de l’exposer. Malheureusement, lui ne semblait l’entendre de cette oreille…
« Attends, je vais t’aider… » Un de ses bras se glissa avec souplesse sous mon épaule, et sa main se faufila autour de ma taille, m’attirant contre lui. Ma respiration se bloqua par automatisme pendant quelques courtes secondes – il était là, il était palpable, il était quelqu’un. Il était humain, comme toutes les autres personnes en dehors de cette pièce – avec les mêmes sautes d’humeur, les mêmes tempéraments variables, les mêmes envies, les mêmes pulsions, la même éphémérité. La réalisation de cette évidence me procurait une sensation assez étrange, à la mi-chemin entre la lévitation mentale et la peur aux entrailles. Peur de quoi ? Peur de son départ ? Ah, pensées insolites…

Une simple reprise normale de ma respiration suffit à les chasser. Son odeur… Sa veste était imbibée de cette odeur de nicotine que seuls laissaient dans leurs sillons les plus gros fumeurs. Mon odorat n’était certes pas aussi développé que mon ouïe ou que mon sens du toucher, mais cela n’empêcha pas son parfum de saturer rapidement mes sinus. Je n’avais jamais apprécié la senteur des cigarettes, à vrai dire. Trop amère, trop asphyxiante à mon goût. Pourtant, il y avait quelque chose de paradoxalement profondément confortable et même enivrant dans son parfum – peut-être était-ce ces effluves d’eau de toilette musquée qui venaient se mêler à l’odeur du tabac, je n’aurais su dire. C’était la même sensation rassurante que celle de retrouver quelqu’un parti trop loin, trop longtemps… Alors qu’en réalité, l’inverse était en train de se passer. J’appréhendais de voir ce lien fusionnel, impalpable et inodore que la musique nous avait créés dissout par le contact physique. Et puis, sa main sur ma hanche était beaucoup trop froide…
« Putain, ce que t’es chaude! » Je sursautai, surprise par son exclamation soudaine. Pardon ? ‘Chaude’ ? Je tournai la tête en direction de sa voix, confuse. « Heu, je veux dire… » Oh. Je souris brièvement en comprenant le lapsus qu’il avait manqué de faire et qu’il s’était empressé de rectifier. Ce n’était pas réellement gentil de le mettre comme cela, mais il était presque mignon dans cette façon qu’il avait de patauger dans ses démonstrations d’inquiétude. Les relations humaines ne devaient pas être son fort. Sans même donner davantage de réflexion à la potentielle fièvre qu’il venait de déceler, je replongeai dans ma réflexion. Musique, voix, odeur, attitude… J’apprenais à le connaitre de mieux en mieux, imperceptiblement, sans le vouloir.

Il me leva et, à nouveau, sa voix vint interrompre le fil de mes pensées : « Écoute, tu veux aller à l’infirmerie? Je te porte si tu veux et après je te fous la paix, promis. » Il approcha ce qui devait être sa main de mon visage, et je le sentis replacer une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Après un temps d’hésitation, il ajouta : « Par contre, j’te promets pas de tenir mes promesses… D’accord? » Sans même réfléchir, je répondis un « Evidemment » détaché, comme si cela relevait d’un principe inaltérable. Je pausai un moment, réalisant ce que je venais de dire, et sentis mes joues brûler. Okay, je n’avais pas spécialement envie qu’il me fiche la paix. Information enregistrée, merci Subconscient. Mais c’était vrai – que deviendrais-je s’il abandonnait nos sessions de duos improvisés ? Non, je préférais ne pas y penser.
Revenant au sujet de préoccupation principal, j’articulai : « Merci… Mais je n’ai pas besoin d’aller à l’infirmerie, vraiment. Je préfère que l’on reste ici. » Je tournais la tête vers là où, je le savais, se trouvait la porte. Pas envie de sortir de cette pièce. Pas envie de me retrouver dans le couloir au milieu de tous ces gens, même sur son dos ou dans ses bras – a fortiori sur son dos ou dans ses bras, à vrai dire. Les voix de crécelles revinrent en un flash me faire grimacer. Non, je préférais définitivement rester dans le calme de la salle de musique, malgré la température trop élevée. D’ailleurs… « Je n’ai pas de fièvre – il fait simplement trop chaud dans cette pièce. J’ai du mal avec la chaleur. Et avec le froid. » C’était précisément dans ce genre de moment que j’aurais voulu que tout le monde soit comme moi, que tout le monde soit aveugle. Alors il n’y aurait plus eu cette histoire de pudeur, et j’aurais pu me mettre à mes aises sans choquer – ou exciter, au choix – la moindre personne. Je me contentai donc d’ouvrir les boutons du col de mon T-shirt ; mon coude me lança à nouveau. Je l'avais oublié, celui-là. Ah, c’était pour lui qu’il voulait m’emmener à l’infirmerie ?

Je souris et levai le bras pour indiquer le coin de la pièce ; son inquiétude était inutile. « Par contre, pour mon bras, dans mon sac à dos… » Ma voix s’affaiblit, étouffée par une vague de honte ; abuser de sa générosité était la dernière chose qu’il me plaisait de faire, et lui demander un service me rebutait « … Tu pourrais aller me le chercher, s’il te plait ? Il y a une trousse avec du désinfectant et des sparadraps dedans. J’espère qu’il en reste… » Je transportais en permanence ces choses-là sur moi, pour des raisons évidentes ; il n’était pas rare que mes pieds prennent de plein fouet les coins de meubles, que mes paumes rencontrent en tâtant un objet une écharde ou une surface coupante quelconque. Je cachai mes mains couvertes de cicatrices en serrant les poings et l’entendis s’éloigner pour chercher le sac, me laissant seule, debout, au milieu de la salle.
Pour éviter de devenir un poteau inutile, je me pris à tenter à mon tour de détendre l’atmosphère. « De toute façon, il parait que je suis grande, je ne sais pas si tu aurais réussi à me porter ». Les mots étaient prononcés sur le ton de la plaisanterie, de la pique, mais ne pouvaient se débarrasser d’une certaine amertume. Incapable de se connaitre soi-même. Lamentable. Etais-je réellement grande, comme ils me le disaient ? Etais-je ‘belle’ , comme j’avais pu l’entendre ? Qu’est-ce qu’ils appelaient ‘grands’ et ‘beaux’, quelle était la référence de départ ? Frustrant, c’était terriblement frustrant… Je secouai la tête pour en chasser les pensées négatives et repris, pensive : « J’avais raison, tu étais bien un garçon. Ta musique… » Les mots se perdirent en un murmure, presque inaudibles de rêverie… Sa musique – elle avait déjà presque tout dit.
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Ahn Hyo Shin
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MessageSujet: Re: watching me, hearing you. (pv Shin)   watching me, hearing you. (pv Shin) EmptyDim 19 Fév - 22:48

Je la sens se tendre sous moi, au contact de mon bras. Sauf qu’en bon acteur que je suis, je fais comme si je n’avais rien vu. Ce n’est pas mon genre d’être aussi délicat avec les inconnus, sauf qu’elle, elle fait partie d’une classe à part. Du genre plutôt unique et indivisible, si vous voyez ce que je veux dire. Je ne suis pas du type à m’attacher aux gens, mais quand je le fais, je peux devenir une vraie plaie. Merde, rayé ça tout de suite. J’étais la meilleure chose qui ne pouvait pas vous être arrivée, pigé? Modeste, modestie, quand tu nous tiens. Heureusement pour moi, elle ne pouvait pas voir le sourire idiotement satisfait qui s’était étendu jusqu’au coin de mes lèvres. Malgré sa réaction hostile au contact de ma peau, je ne m’attendais pas non plus à ce qu’elle prenne la fuite en criant au pervers. Au lieu de cela, ses jolies pommettes cramoisies me laissaient croire, qu’au fond, je n’étais peut-être pas si indésirable que ça. Pas que j’en doute une seconde non plus, hein. Sauf que je vous épargne les détails, vous en avez surement marre de m’entendre me vanter comme si j’étais the next hot shit de la télé-réalité. Toutefois, souhaitez-moi d’éviter les miroirs, ou je risque de faire une rechute. Ouais, je sais, je suis fabuleux comme ça. Malgré tout, je lui souffle un humble « content de l’entendre. » à son oreille et la relève, légère comme un sac de plumes. Elle me laisse vaguement l’impression d’être un objet petit et fragile, mais balaye bien vite cette image de mon esprit : miss ne désire pas se rendre à l’infirmerie. J’ouvre la bouche pour rouspéter, je sais bien que son coude est dans un sale état, mais la referme quasiment aussi tôt. Je lui ai dit que tout allait bien et je n’ai pas vraiment envie de passer pour un mythomane. J’hausse les épaules, légèrement embarrassé.

« Comme tu veux princesse, fais signe si jamais tu changes d’idée… »

Je me donne un air détaché, mais en vérité, je me réjouis à l’idée de pouvoir passer un peu plus de temps avec elle. Prenez-note, ce n’est pas le genre de chose que vous allez m’entendre dire souvent. Les mains dans les poches, je balance mon poids d’une jambe à l’autre. Ça se sent, je suis nerveux et je ne sais pas pourquoi, mais j’ai comme l’urgent besoin d’une clope. « J’ouvre une fenêtre, si ça peut aider… » Une partie de moi se soucie vraiment de ses problèmes de santé, tandis que l’autre cherche surtout à lui faire bonne impression. Je ne sais pas pourquoi je m’entête à vouloir jouer les bons samaritains, je me donne l’impression d’être un foutu boulet. Joué les mecs sympa, ça n’a jamais vraiment été dans mes cordes. Vous demanderez aux amis que je n’ai pas. Sans un mot, mon regard s’égare subitement sur le bout de ses longs doigts, qui détachent un des boutons de sa chemise. À ma plus grande déception, elle ne descend pas plus loin et mes yeux se contentent de dévaler les jolies courbes de sa silhouette. Je sais bien ce que vous vous dites, mais ce n’est pas ce que vous croyez. Je suis peut-être un pervers, doublé d’un enfoiré, mais je préférais être castré plutôt que de la toucher. Quoique, à bien y penser, je ne tiens pas vraiment à être privé de mes précieux bijoux de famille. Bon, ben, tant pis. Vous penserez bien ce que vous voudrez, ok? Enfin, je joue les gros durs, mais ça n‘empêche pas l’inquiétude de s’emparer de moi lorsqu’un éclair de douleur brille au creux de ses yeux en amande. Je m’avance de nouveau vers elle et m’arrête à la dernière minute. Elle n’aime pas se faire toucher, j’ai pris note. J’hésite à lui redemander si tout va bien et grand bien m’en face, elle m’évite la peine de lui poser la stupide question. Au lieu de ça, elle m’envoie chercher une trousse de premiers soins dans son sac à dos. Un léger malaise s’empare de moi.

« T’es sure que c’est une bonne idée? » J’ai pensé tout haut et m’en insulte mentalement. « Pas que je n’aime pas joué au médecin, sauf que… » Sauf que quoi? T’es un sale trouillard qui fait des malaises à la vue du sang? Ouais, décidément, si tu voulais avoir l’air viril, c’était le meilleur chemin à prendre. Une inscription au Y.M.C.A, avec ça? Je ravale une remarque désobligeante et pousse un soupir vaincu. « Bon, oublie ça, hein. » Et je tourne les talons pour me diriger vers son sac à dos, en prenant soin d’écouler le plus de temps possible. Je sais, je suis hypocrite, mais ça ne m’empêche pas encore de dormir, rassurez-vous. Je m’accroupis au pied de ses possessions et tergiverse à fouiller ses choses. Je ne suis pas prude d’ordinaire, mais côté familiarités, je trouve que ça commence à faire pas mal en une journée. Pas que je sois contre, ou je ne sais pas quoi, d’accord? C’était quand même inévitable, il aurait bien fallu se parler un jour ou l’autre. J’aurais quand même préféré que ça se fasse avant qu’elle fonde en larme et surement pas après que j’aille écraser ma cigarette à deux pouces de la tronche d’un mec. Heureusement, elle n’était pas au courant. Va savoir ce qu’elle penserait de moi sinon. Le silence dans la pièce commence à se faire plutôt lourd, je commence à croire qu’elle est aussi embarrassée que moi et ça me rassure un peu. Surement travaillée par les mêmes réflexions, elle décide finalement de briser la glace et sa remarque ne manque pas de m’arracher un rire.

« Ah, les femmes… » Je soupire, amusé, et retiens un ‘’toute les même’’ sarcastique. Je fais une pause et ouvre la fermeture éclaire du sac de toile, en camouflant mal l’ombre d’un sourire. « Rassure-toi, t’es peut-être grande, mais plutôt bien proportionnée... » Je cherche un moment puis, faute de patience, renverse le contenu du paquet au sol. Toujours aussi délicat, je continue, moqueusement : « … C’est ce que tu voulais entendre, je me trompe? » Je farfouille au milieu de ses choses et tombe en fin sur le kit de premier secours. Je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule et me divertit de son air songeur. « Si ça peut aider, je fais quand même une tête de plus que toi… Mais c’est vrai que t’es un peu lourde. » Je la lui laisse le temps de peser mes mots, juste avant de me remettre à rire. Je ne sais pas pourquoi, mais je commence à prendre un malin plaisir à me moquer d’elle. Ça n’a rien de méchant et ‘est même plutôt affectueux. Qui aime bien châtie bien, disent-ils. Personnellement, j’aime surtout voir ses jolies joues rougir de gêne. Je me tais, l’instant de ramasser le bordel que j’ai causé et à ma plus grande surprise, elle se décide à continuer notre agréable conversation :

« J’avais raison, tu étais bien un garçon. Ta musique… »

Les derniers mots ne sont que murmure, mais je suis assez rapide pour en attraper la fin. Je fronce les sourcils, intrigué et me relève afin de la rejoindre au centre de la pièce. « Ma musique? » Lui demandais-je, curieux. Franchement, je ne vois pas vraiment ce qu’elle à de masculin et encore moins de viril. J’hésite, faut dire que je ne suis pas vraiment très sensible à ce genre de truc. Pour ma part, je considère même mon talent comme brut et impulsif. À côté d’elle, je passerais comme une fanfare dans une église et à bien y réfléchir, c’est peut-être à ça qu'elle veut faire allusion? Je hoche la tête et réponds sur un ton entendu : « Pour ma part, je n’ai pas douté une seconde de ton sexe… » … Bravo Shelock Holmes, plus perspicace que ça, tu meurs. « Faudra penser à s’ouvrir un bureau de détective, toi et moi. » Ça a pas l’aire comme ça, mais je suis quand même heureux de ne pas avoir complètement brisé ses illusions. Si elle s’était attendue à voir débarquer une fille, j’aurais quand même pris une bonne débarque dans son estime. Enfin, j’imagine. Doucement et effleure son bras du bout des doigts. « Tu veux bien me donner ta main? Je vais te guider jusqu’au banc du piano… » La question était plus formelle qu’autre chose, à mi-mot, j’avais déjà glissé mes doigts entre les siens. Je la positionnai dos au banc de bois, la fit tomber et déposa le nécessaire à premier soin sur le piano. Je regardai ce dernier, légèrement dépassé et attrapa le premier truc qui vint à porter de main: du désinfectant. Je n’étais pas infirmière, mais je crois bien que c’était par là que je devais commencer. La question c’était: combien de temps je mettrais avant de tourner de l’œil et franchement, je ne sais pas si je tiens vraiment à le savoir. Je déverse du désinfectant sur une partie du sparadrap et fronce les narines à l’odeur. Je m’avance vers elle et lui commande de me tendre son coude. Je m'accroupi et dévisage la vilaine blessure, étrangement, mon malaise s’accentue. Noté bien le sarcasme.

« Bon, ça risque de te faire plus de mal qu’à moi, pas vrai? » Ma voie a légèrement monté d’un octave et je sais vraiment si la question est pour elle ou plus pour moi. Je prends une grande respiration et dépose le pansement sur la plaie, un frisson me parcours l’échine. Je ricane nerveusement… « Dis, tu sais garder un secret? » De mon autre main, je l’oblige à déposer la sienne sur le pansement, afin de le retenir de tomber. Je me lève et gagne le reste des gazes, délaissée sur le piano. Je joue nerveusement avec l’une d’elles de ma main gauche et lui jette un regard misérable. « Je crois bien que t’es la première meuf à me foutre la trouille et t’as même pas eu besoin de me parler de mariage... » Je tire la langue, dans une moue à demi-espiègle et à demi-désolée et retourne à ma position initiale. Je lui retire finalement le bandage des mains et fléchi de nouveau à la vue de la blessure. « Bordel, j’déteste ce genre de truc... » J’applique rapidement un bandage, plus ou moins adéquat, autour de son maigre bras et regarde mon œuvre, satisfait. « Voilà, maintenant je vais quitter la musique et me faire médecin, c’est mes profs qui vont être contents… » Je lève les yeux et lui jette un regard malicieux.

« Un bisou pour oublier la douleur, mon coeur? »
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