« If a stranger offers you a piece of candy, take two. »

La musique me donnait mal à la tête, la fumée me brulait les yeux et j’avais cette désagréable impression d’être comme une sardine dans une conserve. Pourquoi est-ce qu’ils se donnaient tant de mal à nous donner l’horrible impression d’être victimes d’une chambre à gaz de la Première Guerre mondiale? Je jouais avec le verre entre mes mains, exaspéré. Il y avait beaucoup trop de monde, beaucoup trop de bruit et ce qu’ils croyaient être de la « musique » me donnait plus mal à la tête que tout l’alcool que j’avais ingurgité cette soirée-là. Profondément ennuyé, je regardais dans un soupir la piste de danse bondée. Si seulement ils savaient à quel point ils étaient ridicules. Je ris pour moi-même. Vous savez, je n’étais pas si malheureux que ça dans ma ridiculement petite chambre d’étudiant, à écrire des musiques à longueur de journée, vivre pour mon piano et accumuler les paquets de cigarettes vides. Ça, c’était juste avant que j’ai la meilleure idée, mon existence : sortir respirer, vivre un peu et trouver quelque chose pour satisfaire mon lit froid et vide. Je sais, je parle encore comme un enfoiré. Sauf que je ne vois pas ce qu’il y à de mal à vivre sous mes papiers, à respirer de la nicotine et rêver d’une bonne partie de jambe en l’aire. Le seul problème c’est que sous les néons qui me fessaient saigner les yeux, les meufs se ressemblait toutes. Les mêmes jupes courtes qui ne cachaient absolument rien (pas que ça me dérange, hein), les mêmes visages barbouiller de maquillage et toute prêts à se jeter dans les bras du premier venu. Justement, le problème était là : où était l’intérêt de se faire une nana qui n’était pas foutu de se rappeler que t’étais un dieu au lit? Enfin, c’était peut-être toujours mieux que ma main droite. Blasée, j’étais assise au bar miséreux comme un homme marié depuis vingt ans. C’est partagé entre l’envie de partir ou de me faire le premier truc potable venu, qu’elle s’assit finalement sur un banc non loin de moi : La brunette la plus bandante qui m’avait été donné de voir cette soirée-là. Du coin de l’œil, je la dévisageai de haut en bas dans un sourire appréciateur. Finalement, la soirée était peut-être plus prometteuse que ce à quoi je m’attendais. Je me déliai les jambes et termina mon verre d’un coup. Avant de me lever, je pris tout de même de jeter un regard vers le miroir situé derrière le bar. Mon reflet, impeccable, m’arracha un sourire. Même après trois verres de whisky, j’étais toujours aussi sublime. Croyez-moi, c’était un fait et non les divagations d’un mec narcissique et enivré : j’étais surement le plus beau gars qui avait franchi les portes du club cette soirée-là. Satisfait de ce que j’avais vu (comme toujours), je quittai mon banc et réduis les mètres qui nous séparaient. Beaucoup trop nombreux, si vous voulez mon avis. Avant de me laisser tomber sur le siège face à elle, je fis signe au serveur qui s’était approché.

« Deux verres de vodka, pour moi et la dame, merci… » Lui demandai-je, sûr de moi et sans un regard pour la "dame".

Mon estomac commençait déjà à se retourner dans l’appréhension du lendemain de veille, mais je le balayai mentalement de la main. C’était un faible prix à payer pour un peux de compagnie cette nuit et j’étais désireux que la beau partage mon opinion. Le barman déposa bientôt les verres sur le comptoir et je fis de même avec mon argent.

« Gardez la monnaie... » Il fit un signe de tête positif et retourna à ses occupations.

Sans me presser, je pris une gorgée de mon breuvage, sans me soucier de la réaction de la demoiselle. D'ailleurs, je pris son manque de réaction verbale comme un signe discret d’admiration. Après tout, qui ne resterait pas muet devant un verre offert par nulle autre que Ahn Hyo Shin? Compréhensif, je lui laissa le temps de diriger l’heureuse nouvelle. Elle me remercierait sans aucun doute plus tard. Après une deuxième gorgée, je pivotai sur mon banc pour lui faire enfin face. Sans la moindre gêne apparente, je pris quelques secondes de silence pour mieux l’admirer. Un joli visage, des jambes interminables et un regard réveillé. Elle semblait sobre et je m’en réjouis intérieurement. Certes, il manquait peut-être légèrement de monde au balcon, mais c’était le genre de truc que tu oubliais vite si elle travaillait assez fort pour. Si vous voyez ce que je veux dire…

« Moi c’est Ahn Hyo Shin… » Lui dis-je sur un ton détaché. « Je sais que la question te brulait les lèvres. »

D’accord, c’était plutôt direct et pas très diplomate, mais je n’avais jamais été reconnu pour ma grande délicatesse. Je lui décochai mon plus beau sourire, celui que je réservais d’habitudes à mes mauvaises idées et mes fantasmes pervers et continua sur un ton plus léger :

« Je ne sais pas pour toi, mais je n’ai pas l’habitude de payer des verres aux nanas… » Le coude sur le comptoir, j’attrapa son verre et le fis glisser jusqu’à elle. « Mais je veux bien faire exception pour toi si tu acceptes de sauter les présentations pour passer aux choses sérieuses. »

Je n’ai jamais été douée pour les mots doux et les compliments. Si c’est le prince charmant qu’elle cherchait, ce n’est pas à soir qu’elle allait le trouver. Par contre, si elle aspirait à mieux, elle était sans aucun doute tombée sur le gros lot. Je pris une nouvelle gorger de mon verre et laissa mon regard dériver aux creux de ses iris noirs.

« Alors qu'est-ce qui t’amène ici ce soir? Si c’est la musique, je te préviens, je reprends mon verre… »

À croire qu’aujourd’hui, ce n’était pas mon jour. Mensonge par mensonge engendre problème par problème. Oh, et puis, de toute façon, ça m’plaît bien cette routine de la vie. Ce soir, je vais restée assise là, sur ce banc, en face du bistro. Il ne faut pas croire que je picole ou bien encore que je fume, rien de cela. Tu peux me croire, je ne suis pas ce genre de fille. Je suis là depuis un long moment déjà, des filles presque « nues » se baladaient entre les mecs, des gars qui s’en vont avec des idées pas nets dans leurs têtes. Qu’est-ce qui ne roule pas dans leurs neurones ? Y a des gens vraiment fou sur terre. Je me retourne pour rire un peu, histoire de moins m’ennuyer. Ah, qu’est-ce que ça fait pitié. Pire que ça, c’est juste pitoyable. Donner son corps pour le plaisir d’un autre. Pour l’argent tu me dis ? Tu rigoles j’espère. Parfois, je me demande même si je ne suis pas trop bien pour ce monde d’imbéciles. Y a que ça, des couillons. Un devant, un derrière, un à droite et ainsi de suite. Je ne vais pas faire la morale, mais j’aime bien mettre un peu de piment dans tout ce que je fais. Provocation, tu connais je pense ? Une grosse mythomane ? Ouais, c’est bien ça. Comment t’as deviné ? Oh.. Je sais. C’est dû à ma réputation, n’est-ce pas ? La fille qui cherche les emmerdes un peu partout dans les quartiers de gangs. Oh, tout ça, ça n’me fait pas vraiment peur. C’est juste.. Hilarant. Où en étais-je ? Ah oui, je disais. Les gens ici n’ont aucune intelligence. Je ne parle pas de moi, je ne fais qu’assister aux scènes qui se passent dans cet endroit. Une vraie commère, je suis. Aujourd’hui, j’étais vêtu d’une tenue classe. On ne pouvait pas me rater, je dévaste tout. Avec ma longue chevelure brune ondulé que je laissais glisser sur ma poitrine, de quoi être fière. Pourtant, comme à mon habitude, on m’accoste. Mais cette fois, c’était différent.

« Deux verres de vodka, pour moi et la dame, merci… »

Je le voyais s’approcher de moi, comme si de rien n’était. Il ne manque pas de toupet celui-là. « Dame ? » d’où il voit une dame lui ? Je ne suis pas si vieille que ça. Enfin, à ce que je le sache. Bon, je m’en contre fiche. Ce n’est pas un veinard comme lui qui va m’attendrir, oh que non. Je voyais l’expression de son visage, prêt à tout pour m’avoir.

« Gardez la monnaie... »

Il voulait jouer les gentlemans d’après ce que je voyais. Il était là, conscient. Il prenait gorgée par gorgée. Mon regard ne fixait que lui. Bah ouais, un gars blond et jeune, ce n’est pas partout. En général, c’est des vieux crades tout ridés, tout moches. Il n’y avait personne sur les bancs, tous entrain de se faire l’amour dans les toilettes, dans la rue et autre part. Ou bien encore, dansaient et transpiraient entre eux sur la piste de danse. J’étais donc là, à ses côtés.

« Moi c’est Ahn Hyo Shin, je sais que la question te brulait les lèvres. »

Et voilà que ce pitre se met à me parler. Il me donne son prénom, et me sort une connerie pas possible. Comment ça la question me brûlait les lèvres. Il est taré lui. Je réfléchis donc à une chose, jouer son jeu. Je lui adressais donc un de mes plus beaux sourires. Et ouais, je suis bonne comédienne. D’où vient mon intelligence et ma malignité.

« Je ne sais pas pour toi, mais je n’ai pas l’habitude de payer des verres aux nanas, mais je veux bien faire exception pour toi si tu acceptes de sauter les présentations pour passer aux choses sérieuses. »

Sauter les présentations pour passer aux choses sérieuses ? Cette phrase me faisait rire. Mais, je me contentais de rester tranquille et souriante. Je lui lançais un regard somptueux et provocateur, bien que, je ne voulais rien. Il fit donc glisser le verre vers moi. Je le tins donc, puis prit une gorgée vite fais. Reposant le « cadeau » qu’il venait de me faire, je soupirais puis me tourna vers lui. Croisant mes jambes, et remettant un mèche à l’arrière de mon oreille, je le fixais.

« Alors qu'est-ce qui t’amène ici ce soir? Si c’est la musique, je te préviens, je reprends mon verre… »

Il me posait vraiment des questions autant stupides l’une que l’autre. Ça commençait même à m’agacer. À ce que je vois, il n’allait pas lâcher l’affaire, donc bon. Je continuais donc de prendre quelque gorgée puis regarda vers le dj. Je laissais s’échapper un petit rire mesquin, puis retourna mon regard vers celui-ci.

« Un, je n’ai pas envie de connaître ton nom, bien que dieu m’ait punis de l’avoir entendu. Deux, merci pour ton verre, ça fait plaisir, mais je pouvais m’en passer. Trois, peu importe qu’est-ce que je fais ici, ça n’a rien à voir avec toi. Mais si tu veux, on peut discuter, ça m’dérange pas d’avoir un peu de compagnie. »

Et tout ça, en une seule minute et soixante seconde. Je suis trop forte. Je commençais à m’épater, pourquoi arrêté le jeu si tôt ? Autant en profiter, et le mener à la petite baguette. Mon charme en fait tomber plus d’un, pourquoi pas lui ? Je sortis un paquet de chewing-gum de ma poche, puis m’en servit. Malpolie comme je suis, je ne lui ais même pas proposer. Je ne vais pas gaspiller des choses essentielles à ma vie pour des personnes de son genre. Mais, je dois avouer qu’en le regardant d’un peu plus près, il dégageait un charme. Je m’avançais donc de quelques mètres, puis là, j’étais très proche de lui. Pas mal, je pouvais dire. Il était plutôt genre beau gosse, beau sourire. Ouais, ça m’plaisait pas mal d’être en sa compagnie finalement. Bien pour une discussion d’un soir, pas une histoire d’un soir, jamais. Je tournais donc une fine mèche de cheveux sur mon index tout en mâchant mon chewing-gum.

« Hmm, je ne t’ai jamais vu dans le coin, t’es d’ailleurs ? Un bel homme comme toi ne devrait pas trop trainer dans les parages. Tu risquerais d’avoir des tonnes de femelles à tes pieds, tu sais. »

Quelle belle scène de mensonge, n’est-ce pas ? Je ne mérite qu’une chose, devenir célèbre et riche. Le rêve. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas prêt de se réaliser, et encore moins d’en avoir les moyens. Je partis donc sur ce train là. Provocatrice, et sexy à la fois. Pourquoi en rêver plus, si moi la perfection, est là, juste en face ? Grand mystère. Je me levais donc, afin d’examiner le style vestimentaire de celui-ci. Marchant derrière son dos, je regardais l’accoutrement qu’il portait. Hmm, pas mal. À croire qu’un truc clochait en lui. Il semblait bien trop parfait pour être le genre de mec « coureur de jupon ». Mais bon, je me méfiais comme même. Les apparences sont trompeuses, j’en connais la situation. Visage angélique que j’ai, qui pourrais penser du mal de moi ? Bien sûr, personne. Je posais donc ma tête sur son épaule, puis lui murmura dans l’oreille. Quel drôle de situation, ne ? À croire que ça devait être vécu.

« Hmpf, dis. Ahn Hyo Shin, tu cherches vraiment à m’avoir dans ton lit, non ? »

Je sais bien que je lui plaisais, ça ce voyait juste à la façon dont elle me dévisageait. Je ne pouvais quand même pas la blâmer, j’ai toujours été beau gosse. Si elle avait envie de me dévorer des yeux (ou par tout autre moyen), je la laissais faire bien volontiers. Faut dire qu’il n’y a pas grand-chose que je lui aurais refusé, cette soirée-là. Mon regard s’égara sur la courbure de ses lèvres, parfaite et invitante. Je l’avoue, j’étais plus préoccupé à m’imaginer ce que je pourrais leurs faire, qu’à l’écouter. J’étais l’heureux propriétaire d’une mémoire sélective qui dans des cas comme celui si, assimilait uniquement les compliments et les allusions sexuelles. Elle n’avait pas envie de connaître mon nom? Tant mieux, j’en avais rien à faire du sien aussi. Elle n’avait pas envie de me raconter sa vie privée? Grand bien ma face, ce n’est pas comme si j’étais intéressé en premier lieu. Je n’étais pas là pour perdre mon temps, mais uniquement pour coucher avec elle. Pourquoi je me donnerais la peine de lui payer un verre autrement? Je n’étais pas gentil et encore moins galant. Je n’aime pas répéter, alors je vais être bref : l’unique chose charmante chez moi, c’était mon sourire et ma prestance de roi. Elle devait très certainement s’en être rendu compte, puisqu’elle m’invita à lui tenir compagnie. Franchement, elle aurait quand même pu m’éviter le discours de la meuf blasé, juste avant. Heureusement pour elle, j’étais aussi miséricordieux que Dieu et elle était franchement bandante dans sa jolie robe moulante. Un sourire carnassier étira soudainement mes lèvres à l’idée de la lui enlever...

« Demandé aussi gentiment, je ne vais quand même pas refuser, mon ange... »

Mon ange, c’était le joli surnom que j’avais décidé de lui attribuer, faute de nom. Ainsi que celui que j’attribuais généralement à toutes mes conquêtes, du sexe féminin. C’était peut-être méchant, voir complètement humiliant et au fond de moi, je me sentais même un peu coupable. Bon d’accord, je déconne. Je n’en avais fichtrement rien à foutre. Personnellement, j’étais plus soucieux de m’enquérir quand a sa position favorite au lit, que du bien-être personnel de son égo. Je sais, je suis gentil comme ça. Distrait par mes réflexions très philosophiques, c’est à peine si je me rendis compte de notre nouvelle proximité. Ouais, je sais, c’est encore des conneries. J’étais aussi indifférente à ses jolis yeux qu’un cleptomane dans une bijouterie, mais j’tenais pas vraiment à jouer le rôle du mec désespéré. C’est donc avec la passion débordante d’un acteur d’Hollywood que je m’affairai à avoir l’air le plus indifférent possible. Franchement, Charlie Chapelin pouvait être fier de moi.

« Les mecs comme moi, ils n’ont généralement pas besoin de faire les bars pour s’envoyer en l’air. Je suis un peu comme l’exception très ennuyée à la règle, l’exception parfaite et très sublime, va s’en dire. » Je sais, je recommence à sonner comme un enfoiré et franchement, j’en savourais chaque instant. « Personnellement, je les préfère à genou, qu’à mes pieds. Si tu vois ce que je veux dire... » Mon ton est moqueur et je peine à cacher mon sourire suffisant. « Il reste des places dans mon fan-club, si ça t’intéresse. » Je lui décoche un clin d’œil, ce qui a pour effet de la faire décoller de sa chaise come une flèche. Je l’avoue, mon égo en a pris un coup. Je commence à rouiller ou c’est l’alcool qui me fait déconner? « Hey, je rigole. Faut pas te fâcher, beauté… » Je la suis des yeux tandis qu’elle me contourne sans un mot. Sa démarche est langoureuse et je m’attarde un moment à remonter la ligne de ses jambes. Je la perds des yeux à mi-chemin et m’insulte mentalement. Bravo crétin, t’as réussi à te mettre à dos le coup du siècle. Ce soir, ça allait être seulement toi, ton ordi et ta moins droite. Un juron franchit mes lèvres et je finis mon verre d’une traite. Je le repose violemment et sursaute lorsque quelque chose de froid se dépose sur mon épaule.

« Hmpf, dis. Ahn Hyo Shin, tu cherches vraiment à m’avoir dans ton lit, non ? »

Son souffle chaud au creux de mon oreille me tire un long frisson. La garce, elle m’a bien eue. Je respire un beau coup et ricane un moment. « Ouais, je te veux... et pas juste un peu. » Ma voix est douce, voir suave et les mots son sorti presque tout seul. Je sais bien, c’est un peu direct et pas très diplomatique. Sauf que je commence franchement à en avoir marre de me faire mener en bateau. Je fais un tour sur moi-même et transperce le tissu de sa robe du regard. « Les trucs que je te ferrais, s’il n’y avait que nous deux... » Un sourire pervers aux lèvres, je me lève de mon siège et la surplombe de mon mètre quatre-vingt-deux. Je m’avance vers elle, jusqu’à ce que son dos s’accote sur le bord du bar, prisonnière. Je dépose avec assurance mes mains sur le comptoir de céramique et l’emprisonne entre mes bras. « Si tu veux, je peux quand même te faire un aperçu… » Je passe une langue sur mes lèvres et apprécie la proximité de nos deux corps. Un silence tendu c’est installé entre nous, que seule la musique enivrée viens briser et le son de ma respiration saccader. Lentement, je réduis les quelques centimètres qui nous sépare et m’arrête à quelque centimètre de ses lèvres qui ne m’ont jamais semblé aussi attrayantes.

« … Heureusement pour toi, je suis plus patient que j’en ai l’air… »

Et je la relâche brusquement, non sans une once de déception. Je ne vous raconte même pas l’effort titanesque que ça m’a pris, j’en ai encore les tripes qui se tordent de douleur. Avant de reculer, j’agrippe son verre encore plein sur le comptoir et lui tend. « Pas de gaspillage, mon ange. C’est les règles du jeu… » Je rigole et lui jette un regard malicieux. « Si tu veux t’amuser avec mes nerfs, faut savoir jouer la partie jusqu’au bout… » Du doigt, je fais signe au barman de refaire une tournée et reporte mon attention sur ma brunette. « Et si tu veux te débarrasser de moi, va falloir me faire boire jusqu’à t’oublier… » Je retourne m’assoir sur un mon banc et lèves mon nouveau verre à sa santé.

« Alors, on se sent à la hauteur, mon cœur? »

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